Mai 1940. La France succombe, son vin aussi. Aussitôt nommés par l'administration d'occupation, les « Weinführer », délégués officiels dans les vignobles de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne et de Cognac s'emparent, avec la complicité de nombreux professionnels français, du « plus précieux des trésors de France », selon les mots d'Hermann Goring, qui a très tôt associé sa voracité pour les oeuvres d'art à une soif inextinguible des plus grands nectars français.
Bâti sur des sources exceptionnelles, fonds économiques et judiciaires, archives et documents privés, ce passionnant et exhaustif Vin des nazis révèle comment, au coeur des plus grands vignobles, sur les tables des grands restaurants et des palaces parisiens, la défaite française a vite été noyée dans le vin, grisant les collaborateurs sans scrupules, les brasseurs d'affaires véreux, jusqu'aux pires criminels reconvertis dans la Gestapo française, dont l'équipe Bonny-Lafont. En spoliant les vignobles français pour alimenter la mondanité nazie mais aussi pour soutenir l'effort de guerre du IIIe Reich, les occupants ont détourné des volumes colossaux, de grands crus au vin ordinaire, provoquant une pénurie inédite, un rationnement brutal et une hausse vertigineuse des prix touchant l'ensemble de la population, à une époque où le vin était un élément capital de la vie quotidienne.
De personnalités éminentes, dirigeants de prestigieuses maisons, s'insinuent dans ce cambriolage à l'échelle d'une nation : Henri Leroy, propriétaire de la Romanée-Conti en Bourgogne et producteur d'alcools de vin pour les carburants du Reich, Melchior de Polignac, propriétaire de la maison Pommery et cofondateur du groupe « Collaboration », ou Louis Eschenauer, « l'empereur des Chartrons », intime des chefs militaires allemands à Bordeaux. Le vin s'est imposé comme un puissant vecteur de la collaboration, valorisé par Pétain et l'État français. Loin d'être réservé aux élites du pouvoir hitlérien, il s'est diffusé dans la société allemande tout entière.
Une fresque captivante et dérangeante du vin au temps des heures sombres.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le vin français n'est pas traité comme n'importe quel produit par les nazis : il est l'un de leurs butins les plus précieux.
Dès 1940, des Weinführer, experts officiels en vin nommés par Berlin, prennent place dans toutes les régions viticoles de France pour coordonner le plus intense pillage que le pays ait connu jusqu'alors. Avec le relais très ambigu de l'État de Vichy et la collaboration de professionnels français, cet immense dispositif de captation de vin a été un drame que l'on a préféré oublier. Le temps est venu de livrer ce qu'il s'est vraiment passé.
Au terme d'une enquête minutieuse, fondée sur des sources inédites jusqu'alors inexploitées, Christophe Lucand nous révèle l'histoire d'un monde viticole français soumis à l'épreuve de la guerre, de l'occupation et de toutes les compromissions.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le vin français n'a pas été un produit anodin : il s'est révélé être, avec la défaite, le butin le plus précieux de France aux yeux des dirigeants nazis.
Dès 1940, des « Weinführer », délégués officiels désignés experts en vin et nommés par Berlin, prennent place dans toutes les régions viticoles de France pour coordonner le plus intense pillage que le pays ait connu jusqu'alors. Avec le relais très ambigu de l'État de Vichy et la collaboration de bien des professionnels français avec l'occupant, cet immense dispositif de captation de vin fut un drame que l'on a préféré oublier. Plus de soixante-dix ans après la fin du conflit, le temps est venu de livrer ce qu'il s'est vraiment passé.
Au terme d'une enquête minutieuse, et s'appuyant exclusivement sur des sources inédites restées jusqu'alors inexploitées, Christophe Lucand nous révèle l'histoire d'un monde viticole français soumis à l'épreuve de la guerre, de l'occupation et de toutes les compromissions.
Le vin, de médiocra qualité, a été distribué en masse aux soldats pendant la Première Guerre mondiale, afin de tromper la peur des hommes partis au combat et de maintenir leur obéissance et leur agressivité. Surnommé le pinard, vanté par la propagande officielle, il est honoré et élevé au rang de boisson nationale et patriotique.
Printemps 1919. Il y a un siècle. La France sort à peine d'une guerre dévastatrice qui a profondément bouleversé le pays, saigné sa population, ruiné son économie et durablement affecté ses valeurs. Alors que le pays accueille à Paris la grande conférence de la Paix qui doit asseoir le nouvel ordre international, le président de la République Raymond Poincaré promulgue une loi aussi inédite qu'inattendue, instaurant une reconfiguration complète des vignobles français. Désormais, c'est par une « appellation d'origine » que les producteurs pourront identifier leurs vins en revendiquant devant les tribunaux la délimitation géographique des vignes dont ils sont issus.
Cette loi du 6 mai 1919 constitue la matrice du paysage vitivinicole jusqu'à nos jours. En rompant avec les dispositions libérales antérieures, principalement bâties sur les usages du commerce et de la marque, elle donne naissance au modèle, devenu par la suite triomphant, des vins dits de « terroir ».
Surprenante et inattendue, cette histoire est celle de l'émergence et de la promotion de la qualité du vin au fil d'un siècle d'histoire. Elle est également celle d'une mise en ordre des vignobles français à travers une définition alors très novatrice et révolutionnaire des vins. Un siècle plus tard, ce retour inédit sur la genèse des vins d'appellations d'origine, devenus « vins de terroir », nous offre les clefs de compréhension d'un système vitivinicole qui s'est depuis imposé à toute l'Europe et a largement concouru au succès des vins français partout dans le monde.
Négociants de Bourgogne Christophe Lucand, professeur agrégé et docteur en histoire, est chargé de conférences à l'institut d'Études politiques de Paris (Sciences-Po Paris). Auteur d'une thèse d'histoire sur les négociants en vins de Bourgogne à l'époque contemporaine, il est chercheur-associé au Centre Georges Chevrier (UMR CNRS 5605) de l'université de Bourgogne et membre de la chaire UNESCO Culture et Traditions du Vin à Dijon.
La renommée du vignoble de Bourgogne n'est pas seulement, comme on le croit trop souvent, le fruit d'un privilège naturel consacré par les dons généreusement accordés par le ciel et habilement interprétés par les hommes.
Christophe Lucand montre dans cet ouvrage que les négociants, acteurs méconnus du vignoble, sont à l'origine d'un modèle vitivinicole original qui a contribué à assurer le prestige et l'excellence des vins de Bourgogne partout à travers le monde durant des décennies.
Exerçant, dès la seconde moitié du XIXe siècle, une domination sans partage sur l'ensemble du vignoble, les négociants de Bourgogne ont longtemps assuré la quasi-totalité des achats à la propriété, contrôlé les modes et procédés d'élaboration des vins et monopolisé tous les circuits de distribution pour façonner l'image et la conception même des vins qu'ils vendaient.
Cette lecture brute et immédiate s'appuie sur un contraste stupéfiant à l'origine de l'une des plus grandes énigmes de l'histoire du vignoble de Bourgogne. Comment l'âge d'or d'un monde vitivinicole dirigé par les acteurs d'un commerce prospère a-t-il laissé la place au triomphe d'un ordre foncier porté par les propriétaires et la viticulture à l'origine des vins de terroir ?
La saga des négociants en vins de Bourgogne qui nous est révélée ici sur plus de 150 ans d'histoire retrace le temps jusqu'alors inexploré des crises et des conflits qui, avec le choc du phylloxéra, la montée des fraudes et des falsifications, les dépressions économiques, les deux guerres mondiales, l'occupation allemande et l'internationalisation des échanges, sont à la source de la reconfiguration complète de ces vignobles.