Depuis l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, la propagande et à sa suite l'historiographie soviétiques présentent le pacte germano-soviétique comme le fruit de la suprême habileté de Staline : devant le refus manifesté par la France et l'Angleterre de s'entendre avecl'Union soviétique contre le péril nazi, Staline aurait choisi de gagner du temps afin de mieux préparer son pays à l'inévitable guerre entre le fascisme et le progressisme et c'est grâce à ce sursis qu'il aurait ensuite gagné la guerre.
Le malheur c'est que toute la documentation (ouverture de nombreuses archives jusqu'alors restées secrètes, documents du Comintern, mémoires de multiples protagonistes soviétiques...), apparue à partir de 1989-1990, prouve que Staline a mené un double jeu de 1933 à 1939. Il a exploré à la fois la possibilité d'une alliance avec les démocraties occidentales et avec l'Allemagne nazie, qu'il a régulièrement sondée. Sa proposition de collaboration séduit immédiatement Hitler, qui l'accepte en août 1939. Cela lui permet d'annexer sans coup férir la moitié de la Pologne et les pays Baltes, d'attaquer la Finlande, de récupérer la Bessarabie et même d'envisager le ralliement de l'URSS au pacte tripartite des pays fascistes et la dissolution du Comintern, que Hitler n'a cessé de dénoncer. Jusqu'à la veille du déclenchement de Barbarossa, le 22 juin 1941, l'Allemagne a été inlassablement approvisionnée en matières premières soviétiques. La confiance absolue de Staline en la parole de Hitler et la désorganisation de l'armée suffisent à expliquer la sidération et l'impuissance qui se sont emparées de Staline et de l'Union soviétique. Fruit de longues recherches dans une documentation multilingue, cet ouvrage apporte une révision décisive du plus grand mensonge historique du XXe siècle.
De la révolution d'octobre 1917 à 1922, la guerre civile russe fait des ravages. Face aux bolcheviks et aux monarchistes, une troisième force, issue du monde rural, émerge. En mars 1917, mutineries et jacqueries submergent la Russie, le tsar Nicolas II abdique, Lénine et les bolcheviks prennent le pouvoir. Ce sont les Rouges. En décembre, des généraux proscrits luttent pour le retour du régime tsariste. En un an, du Caucase à la Sibérie, ils sont des centaines de milliers sous les drapeaux de Dénikine, Koltchak ou Wrangel. Ce sont les Blancs. Face à la terreur bolchévique, les paysans se révoltent à leur tour, refusant la conscription et la réquisition de récoltes : ce sont les Verts. Jean-Jacques Marie revisite le récit d'une guerre civile qui plonge la Russie dans le chaos et voit la disparition d'un monde qu'on croyait éternel.
« Camarades qui souffrez sous le joug stalino-fasciste ! [...] Toutes les libertés démocratiques sont anéanties. Les préceptes de Lénine sont bafoués. Camarades, dressez-vous pour le combat. Anéantissez la bête sauvage Hitler et ensuite renversez Staline ! Vive la grande révolution populaire. ».
Sous le règne de Staline, et malgré la terreur d'État, des groupes de 4 à 17 gamins, âgés de 10 à 16 ans, se forment, partout en URSS. Souvent au nom de l'idéal léniniste et de la révolution bolchevique, ils critiquent violemment le régime du petit père des peuples. Leurs actions sont modestes : réunions en petits comités, distribution de tracts... Ces jeunes ne semblent pas présenter de grand risque. Ils seront pourtant pourchassés, appréhendés et envoyés au goulag... Qui étaient ces gamins ? Pourquoi effrayaient-ils tant Staline ? Ce livre raconte pour la première fois le sort de ces dissidents en herbe.
Un moment tragique de l'Histoire russe...
De 1917 à 1922, la guerre civile a causé des ravages en Russie: des millions de morts, des épidémies de typhus et de choléra, la famine, la misère, des populations terrorisées, déportées, massacrées. À l'abdication de Nicolas II en 1917, les bolcheviks - les Rouges - prennent le pouvoir. Comment les Blancs ont-ils pu perdre une guerre dontils s'étaientvus tant de fois les vainqueurs ?
Les Blancs, des généraux de l'ancienne armée proscrits - notamment Denikine, Koltchak, Wrangel - organisent la lutte pour le retour du régime tsariste. Leur action prend naissance dans le sud du pays, puis s'étend jusqu'en Sibérie. Le pays est en plein chaos.
Devant l'ampleur des menaces, le gouvernement bolchévique proclame la mobilisation générale et obligatoire.
Trotsky prend la direction de l'Armée rouge, et élimine les unes après les autres les armées blanches. Les dernières forces blanches rassemblées en Crimée par le général Wrangel sont battues par l'Armée rouge en novembre1920.
Ces années d'affrontements, d'exactions et de terreur font des millions de morts parmi les troupes et la populationvictimesde combats,de la famine, des épidémies.
« Le grand mérite du livre de Jean-Jacques Marie, récit argumenté et documenté aux meilleures sources, est d'apporter de l'intelligibilité à la confusion extrême d'années de troubles et d'affrontement. » Le Figaro
Vladimir Ilitch Oulionov (1870-1924), dit Lénine, a marqué de son empreinte le XXe siècle, et son histoire est inséparable du séisme qui a secoué la planète en 1914. Quel est donc l'héritage de cet « inventeur politique » ?
En 1924, au moment de sa mort, Lénine a perdu le contrôle du parti qu'il avait fondé en 1903. En 1943, l'Internationale qu'il a créée en 1919 pour impulser la révolution dans le monde a été dissoute par son successeur. En 1991, l'État qu'il a bâti en 1917 au milieu des ruines s'est effondré. Pour comprendre cet homme, Jean-Jacques Marie est allé au-delà des légendes et des jugements moraux et, à la lumière des informations révélées par les archives soviétiques, il a repris toutes les étapes de sa vie. Ni hagiographie, ni réquisitoire, sa biographie de Lénine est à la fois exceptionnelle et indispensable.
Le 23 janvier 1917, une grève spontanée d'ouvrières du textile entraîne les métallos voisins et les partis révolutionnaires réticents, et débouche sur l'abdication du tsar et la constitution du premier soviet. Les femmes accèdent soudain à des fonctions dirigeantes.
Premier livre à s'intéresser à leur rôle dans la révolution russe, le travail de Jean-Jacques Marie brosse une galerie de portraits hauts en couleur, mais surtout éclaire la façon dont l'émancipation des femmes est intimement liée à la rupture historique de 1905-1917. Il retrace cette lutte, ses avancées, décrit ses égéries et le changement de moeurs qu'elles imposèrent. Il permet ainsi de dégager quelques grandes figures de femmes révolutionnaires, des héroïnes populistes - troquant la volonté utopique d' « instruire le peuple » contre la tentative d'abattre les dignitaires du régime (Sofia Perovskaia, Vera Figner) - aux respectueuses pétitionnaires fusillées ou sabrées du Dimanche rouge. Il revient sur le passage de l'acte individuel héroïque à l'action collective dans un monde soudain en mouvement (Maria Spiridonova, Inessa Armand, Alexandra Kollontaï), mais aussi sur le choc de la mobilisation et de la guerre.
Qu'elles soient commissaire aux armées, théoricienne, agitatrice, chef de guerre, journaliste engagée, terroriste ou à la tête de bandes insurgées, l'irruption de ces femmes accompagne un changement législatif et social radical, du droit de vote et de l'éligibilité à toutes les fonctions au droit à l'avortement, immenses avancées vers l'égalité qui furent, comme tant d'autres, piétinées par Staline.
« L'existence avait pris un sens supérieur. » Ainsi le dissident soviétique André Siniavski raconte-t-il l'exaltation des premiers jours qui suivent la révolution de 1917 en Russie. Pourtant, très vite, puis durant les sept années terribles où le pays fut dirigé par Lénine, l'utopie est balayée par la plus sordide des réalités. Guerre civile, révoltes paysannes, ravages du choléra, usines fermées, transports paralysés, logements sans chauffage, complots inventés par la Tcheka... Les maux se déchaînent sur une population dont l'existence quotidienne est marquée par l'attente impatiente d'un morceau de pain, de la victoire des Blancs ou du triomphe de la révolution mondiale.
Au plus près de la vie des femmes et des hommes de l'époque, le récit de dix années d'espoir et de souffrances.
Nos médias nous montrent à l'envi des images d'un Vladimir Poutine arrogant, menaçant et vantant la grandeur de la Russie. Les libertés individuelles y sont muselées, les élections truquées, les opposants assassinés ou emprisonnés et la corruption galopante.
Mais ce pays est-il vraiment ce qu'il paraît être ? Est-il vraiment devenu cet État totalitaire et impérialiste qu'on nous dépeint depuis l'annexion de la Crimée ? Tel est l'envers du décor : un régime fragile au bord de l'implosion, un président dont le cercle rapproché ne pense qu'à placer sa fortune sur des comptes offshore, une opposition fragmentée souvent tentée par l'ultranationalisme, une population désabusée et nostalgique de l'ère soviétique, plus attachée à ses acquis sociaux menacés qu'à ses libertés personnelles, des syndicats à la botte du gouvernement, une Église orthodoxe omniprésente et corrompue, délaissée par ses fidèles, et une économie minée par la chute du prix du baril de pétrole et par les sanctions imposées par l'Union européenne et les États-Unis.
Parce que la Russie d'aujourd'hui est bien plus ancrée dans le passé et Poutine bien plus héritier d'Eltsine et de Gorbatchev qu'il n'y paraît, il nous fallait le regard d'un historien pour replacer les évènements dans leur contexte et décoder ce pays des faux-semblants.
De 1917 à 1922, la guerre civile a causé des ravages en Russie. À l'abdication de Nicolas II en 1917, les bolcheviks - les Rouges - prennent le pouvoir.
Proscrits, des généraux de l'ancienne armée - notamment Denikine, Koltchak, Wrangel - se regroupent et commencent à organiser la lutte pour le retour du régime tsariste. Ce sont les Blancs, dont l'action prend naissance dans le sud du pays, puis s'étend jusqu'en Sibérie.
Les dernières forces blanches rassemblées en Crimée par le général Wrangel sont battues par l'Armée rouge en novembre 1920.
C'est cet épisode tragique de l'histoire russe que fait revivre l'ouvrage de Jean-Jacques Marie, grâce à un accès direct aux textes laissés par les acteurs de cet épisode.
Grâce à ces textes il peut analyser le processus de la défaite. Le dernier chapitre de son ouvrage constitue une synthèse magistrale de la question, qu'il décortique dans le détail.
La richesse inégalable de ces sources, inconnues en France, font du livre de Jean-Jacques Marie non seulement un récit unique des coulisses de l'histoire, un rapport sur le vif du quotidien des hommes et des populations concernées, une image sans retouches de la vérité historique, mais aussi un ouvrage d'analyse unique sur le sujet.
On se souvient si volontiers des pitreries de l'homme - capable d'asséner sa chaussure sur un pupitre de l'ONU pour faire taire l'assistance - qu'on en oublierait presque que Nikita Khrouchtchev (1894-1971) est aussi celui qui pratiqua docilement, durant deux décennies, les purges sanglantes ordonnées par Staline, liquida ses rivaux Beria et Malenkov pour mieux se hisser au pouvoir, et réprima férocement les insurrections de Pologne et de Hongrie.
Le fils de serf né en Ukraine, qui débuta comme ouvrier métallurgique et souffrit toute sa vie, bien qu'il s'en défendît, de son manque d'éducation, a fait du chemin jusqu'au sommet de la deuxième puissance mondiale. Il est l'exemple le plus achevé de ces simples soldats de l'appareil du parti qui, promus par Staline sur les cadavres de leurs prédécesseurs, dirigeront l'URSS jusqu'à Gorbatchev. Pourtant, comparée à la stagnation de l'époque Brejnev qui lui succédera, l'ère Krouchtchev (1955-1964) s'engage a contrario dans un mouvement de déstanilisation qui touche nombre de secteurs, alors qu'une profonde crise économique, sociale et politique atteint l'URSS. En politique étrangère, Mr K., comme on le surnomme alors, infatigable voyageur, multiplie les gestes de détente mais maintient les " démocraties populaires " dans une étroite subordination à Moscou, déchaînant ainsi les revendications nationales qui feront éclater le bloc soviétique et chuter le mur de Berlin qu'il a fait ériger. Il doit reculer devant Kennedy lors de la fameuse crise des missiles de Cuba et ne peut empêcher la rupture publique avec Mao. Mais en envoyant Gagarine dans l'espace, il hisse l'URSS au premier rang de la conquête spatiale.
C'est aussi le seul secrétaire général qui ait laissé d'abondants Mémoires qui, bien que truffés de petits ou gros mensonges, jettent une lumière crue sur la société soviétique de la fin des années 1920 à la fin des années 1960. Jean-Jacques Marie en a relu et traduit scrupuleusement l'édition russe, non expurgée par le KGB, et a exhumé des archives soviétiques partiellement ouvertes nombre de lettres et de procès-verbaux jusque-là inédits. Première biographie écrite en français par un historien sur ce personnage emblématique de la guerre froide, elle nous aide à comprendre les problèmes de la Russie d'aujourd'hui.
Tueur sanguinaire pour certains, agent de la police tsariste, d'Hitler ou du FBI pour Staline et ses fidèles, Lev Davidovitch Bronstein, plus connu sous le nom de Léon Trotsky (1879-1940), alimente la polémique, les haines et les peurs depuis des décennies. Pourquoi son fantôme hante-t-il aujourd'hui encore nombre d'esprits en France comme ailleurs ? Qu'en est-il de l'héritage de l'apôtre de la révolution permanente à l'heure de la mondialisation et de la montée des extrêmes oe
Convaincu que la période historique ouverte par la Révolution d'octobre 1917 n'est pas close, Jean-Jacques Marie répond à ces questions avec l'honnêteté et la rigueur historiques qui marquent ses précédents ouvrages, en suivant le parcours international et la pensée prolifique de son personnage. Exploitant les témoignages, souvent inédits, des précieux fonds d'Archives russes, il insiste sur la clairvoyance politique du fondateur de l'Armée rouge et voit en lui l'analyste précurseur des conséquences de la globalisation et des limites de la démocratie.
Ni hagiographie, ni réquisitoire, cette passionnante enquête nous permet de côtoyer un Trotsky intime et secret, pour qui les livres et les idées comptaient plus que ses semblables, un homme de convictions parfois arrogant mais souvent brillant, dont l'ironie acerbe teintait une énergie débordante et un activisme tempétueux, un révolutionnaire sans frontières, qui connut pendant plus de vingt ans les rigueurs de la déportation et la douleur de l'exil avant de mourir assassiné au Mexique.
Un livre fondamental sur une pensée actuelle et la lutte universelle des hommes pour leurs idées.
De 1938 à 1953, Lavrenti Beria a été un rouage essentiel du système stalinien, quil a ensuite tenté damender avant de payer de sa vie cette tentative avortée. Manipulateur, dune cruauté sans bornes, cest ainsi quil entra dans lhistoire. Or, la figure de Beria savère au regard des faits et à lanalyse bien plus complexe : bourreau certes, mais aussi fin politique.
Fils de paysans misérables, il connaît une ascension fulgurante. Flanqué dune cohorte de tortionnaires, il dirige la police politique soviétique, le NKVD, pendant sept années décisives (1938-1945) au cours desquelles la nomenklatura consolide son pouvoir. Il organise la déportation meurtrière des peuples du Caucase, planifie les meurtres de Trotsky et de ses ennemis politiques.
Mais, à la mort de Staline, Beria est le premier à saisir que le régime, à bout de souffle, ne peut survivre quen desserrant le carcan de la terreur policière. Il commence a démanteler le goulag, propose la réunification de lAllemagne ; en somme, des mesures annonciatrices de la pérestroïka gorbatchévienne. Nommé ministre de lIntérieur en mars 1953, il est arrêté par ses pairs en juin et fusillé en décembre pour un complot infondé.
A lappui de nombreux documents darchives rendus publics à la chute de lUnion soviétique, Jean-Jacques Marie brosse le portrait complet de lun des acteurs majeurs de lURSS sous Staline.
Le 25 février 1956 au matin, à la veille de la clôture du XXe Congrès du Parti communiste d'Union soviétique, son premier secrétaire Nikita Khrouchtchev lit aux 1 430 délégués réunis à Moscou un rapport qu'il leur demande de garder secret. Il est intitulé « Sur le culte de la personnalité et ses conséquences » et sera bientôt révélé au grand public sous le nom de « Rapport Khrouchtchev ». La foi souvent aveugle de millions de communistes du monde entier reçoit là un coup sans précédent. Que doivent-ils penser de ce brûlot « attribué au camarade Khrouchtchev », comme le dira Thorez en France, qui foule au pied tant d'espoirs et de certitudes ? Après 25 ans dans les mains du « Petit Père des peuples », l'appareil soviétique condamne pour la première fois explicitement les crimes de Staline, mort depuis moins de trois ans. Ce n'est pas encore la perestroïka : la critique reste circonscrite à l'ancien dictateur, les fondements du régime ne sont pas mis en cause. Mais c'est un moment décisif dans l'histoire de l'URSS, le premier moment d'une chute devenue dès lors irréversible. Auteur de la première traduction intégrale du texte russe en français, l'historien du communisme Jean-Jacques Marie retrace dans le détail la réception de ce discours aux conséquences encore sous-estimées.
Jean-Jacques Marie, historien, russophone, est spécialiste de l'Union soviétique et du communisme. Il est notamment l'auteur de biographies de Staline, Lénine et Trosky.
Lorsque Staline est élu secrétaire du comité central du parti communiste russe, le 4 avril 1922, la Pravda ne consacre que quatre lignes à l'événement et l'Humanité n'en dit mot. Sept ans plus tard, l'année de la collectivisation forcée, son culte s'épanouit en URSS, un délire qui envahit le monde jusqu'à sa mort en 1953, noyant sous ses flonflons le goulag, les massacres d'ouvriers, de paysans, de communistes, les procès truqués, les famines, la déportation des peuples. Staline, autodésigné Maréchal puis Généralissime au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, devient la « locomotive de l'histoire », « le père des peuples », « le plus grand stratège de tous les temps ».
A peine meurt-il en 1953, son nom disparaît des journaux en URSS puis, en 1956, le rapport dit secret de Khrouchtchev dénonce ses crimes et le « culte de la personnalité ». Les révélations qui suivent la chute de l'URSS en 1991 le ravalent au rang de bourreau paranoïaque. Mais aujourd'hui, Staline ressort de sa tombe : les cercles nationalistes russes chantent celui qui, en 1943 a conclu une alliance avec l'Eglise orthodoxe, et le « grand capitaine » vainqueur de la « grande guerre patriotique ».
A quels besoins historiques répondent ces changements brutaux ? C'est ce que cet ouvrage tente d'expliquer en les mettant en parallèle avec la vie de Staline, son action politique et son héritage.
Le 1er mars 1921, 15 000 marins et soldats de Cronstadt, à l?ouest de Petrograd, se dressent contre le gouvernement du Conseil des commissaires du peuple, le pouvoir issu de la Révolution d?octobre 1917. Ces fils et frères de paysans, las des réquisitions de vivres destinées à nourrir (de plus en plus mal) les villes et l?armée engagée dans une guerre civile qui a ruiné le pays, dénoncent, à la quasi-unanimité, la politique du parti communiste au pouvoir et stigmatisent sa mainmise sur les soviets dont ils exigent le renouvellement immédiat, à travers une élection à bulletins secrets. C?est le premier pas d?une insurrection qui rassemblera 27 000 marins et soldats et s?achèvera, dix-sept jours plus tard, dans de sanglants corps à corps. Près de 7 000 insurgés s?enfuiront alors en hâte. Ils se traîneront, affamés, épuisés et transis sur la mer gelée pour rejoindre la Finlande voisine, où les attendaient trois camps de concentration, leurs barbelés, les poux, la gale et la faim. Et ils décideront, finalement, pour la plupart, de revenir en Russie soviétique.Cette insurrection n?a cessé de susciter les interprétations les plus contradictoires : complot monarchiste visant à renverser la Révolution pour les uns, révolte antibureaucratique pour les autres, émeute de marins excédés par le « communisme de guerre » au nom d?une révolution que certains d?entre eux avaient pourtant contribué à faire trois ans plus tôt.Le débat s?est longtemps alimenté aux mêmes documents, et les intervenants ont inlassablement ressassé les mêmes arguments. L?ouverture récente des archives soviétiques (auxquelles Jean-Jacques Marie a puisé la matière largement inédite de ce livre) permet aujourd?hui de jeter sur cette insurrection, où Lénine voyait « un éclair qui a illuminé la réalité plus vivement que tout », une lumière nouvelle qui dissipe les voiles de la légende.
Qui sont-ils, à quoi croient-ils, quels sont leurs mots d'ordre, leurs réseaux, leur fonctionnement institutionnel, leurs moyens de financement ? A l'échelle internationale, dans un paysage géopolitique qui a vu l'effondrement du bloc communiste européen, sur quels soutiens peuvent-ils compter ? Quelles sont leur marge de manoeuvre et leur audience dans les démocraties occidentales ? Comment devient-on trotskyste, quel est l'itinéraire intellectuel typique de ces militants de l'ombre qui se sont longtemps définis en opposition à une culture et à une stratégie dominantes, édictées par Moscou, et qui demeurent aujourd'hui, sinon le seul vestige, du moins l'un des plus vivaces, de l'idéologie communiste ? Que signifie désormais l'adhésion à ce mouvement d'extrême gauche très engagé dans la lutte active contre la mondialisation et le libéralisme économique ? Au-delà des effets de mode, des surprises que réserve l'actualité, des révélations apportées, en France notamment, par les scrutins électoraux, le propos de cet ouvrage est celui d'une analyse historique documentée, au mépris des idées reçues et des mythologies.
Il permet de s'orienter enfin à travers cette nébuleuse extrêmement complexe, où coexistent les figures et les parcours les plus divers, communiant tous cependant, depuis les années 1930 et au-delà des spécificités nationales, dans l'idéal révolutionnaire élaboré par le rival malheureux de Staline.
Fondé sur des documents d'archives entrouverts depuis peu et à ce jour peu utilisés, cet ouvrage présente le goulag tel qu'il est défini, vu et décrit dans les circulaires ultra-confidentielles de ses fondateurs et maîtres, ainsi que son organisation, de sa proclamation en 1930 (avec ses antécédents) à 1954, date de sa dislocation, comme organisateur du travail forcé et instrument de la répression de masse.
L'auteur étudie aussi le rôle économique du goulag en temps de paix, mais aussi son rôle en temps de guerre oú nombre de détenus " libérés " ont été envoyés dans les usines d'armement ou sur le front. dureté du régime en place, conditions climatiques qui pouvaient coûter la vie aux uns ou la sauver aux autres, le goulag a deux faces : celle des victimes et celle des bourreaux.
Comprendre l'homme des épurations politiques et physiques, des procès truqués, des millions de morts au cours de la famine de 1932-1933, de la déportation d'une quinzaine de peuples, du Goulag, de la guerre froide, c'est aussi reprendre sous un autre angle la question de l' « oeuvre noire » du communisme. Qu'aurait-il été, ce communisme, s'il n'avait eu à sa tête un Géorgien à l'enfance miséreuse et battu par un père alcoolique, sauvé par une éducation religieuse et rigoriste chez les pères orthodoxes ? Le parcours de cet ancien séminariste de Tiflis qui, une fois au pouvoir, s'est acharné à pourchasser et massacrer les communistes en URSS et de par le monde, est fascinant. Comment cet homme peu doué pour l'idéologie a-t-il petit à petit tissé sa toile dans l'appareil ? Par quel étrange paradoxe a-t-il repris à son compte des méthodes et des exactions dont il avait été le témoin ou la victime sous le régime du tsar au début de son engagement politique ?
La biographie que nous propose Jean-Jacques Marie, extrêmement documentée et nourrie à des sources jusqu'ici inaccessibles, s'inscrit dans la meilleure tradition narrative, celle qui capte l'attention du lecteur par la précision du mot et la rigueur de la construction.
Comprendre l'homme des épurations politiques et physiques, des procès truqués, des millions de morts au cours de la famine de 1932-1933, de la déportation d'une quinzaine de peuples, du Goulag, de la guerre froide, c'est aussi reprendre sous un autre angle la question de l' « oeuvre noire » du communisme. Qu'aurait-il été, ce communisme, s'il n'avait eu à sa tête un Géorgien à l'enfance miséreuse et battu par un père alcoolique, sauvé par une éducation religieuse et rigoriste chez les pères orthodoxes ? Le parcours de cet ancien séminariste de Tiflis qui, une fois au pouvoir, s'est acharné à pourchasser et massacrer les communistes en URSS et de par le monde, est fascinant. Comment cet homme peu doué pour l'idéologie a-t-il petit à petit tissé sa toile dans l'appareil ? Par quel étrange paradoxe a-t-il repris à son compte des méthodes et des exactions dont il avait été le témoin ou la victime sous le régime du tsar au début de son engagement politique ?
La biographie que nous propose Jean-Jacques Marie, extrêmement documentée et nourrie à des sources jusqu'ici inaccessibles, s'inscrit dans la meilleure tradition narrative, celle qui capte l'attention du lecteur par la précision du mot et la rigueur de la construction.
L'antisémitisme russe n'a rien d'un phénomène inconnu mais il a fait l'objet de toutes les controverses, de tous les contresens, de toutes les exagérations comme de tous les camouflages.
L'antisémitisme a joué un rôle essentiel et public dans la Russie tsariste où sont nés, sous la plume des policiers et des propagandistes d'extrême droite, les deux grands mythes du "complot juif mondial" puis du "judéo-bolchevisme", repris par les nazis. Après une interruption due à la révolution il a ressurgi, à la fois agressif et honteux - quoique souvent présenté de façon apocalyptique - dans l'Union soviétique de Staline, Khrouchtchev et Brejnev et, après un exode massif des juifs, retrouve une virulence nouvelle dans la Russie dite démocratique du président Poutine.
Spécialiste de la Russie contemporaine, Jean-Jacques Marie livre ici une synthèse réfléchie et sans concession de cette question difficile. Il dresse un tableau détaillé de la période tsariste, de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle, revient sur les politiques de confinement, de conversions forcées et de pogromes mises en oeuvre par les différents régimes pour exclure la population juive de l'empire ou la réduire à un statut d'émigrés de l'intérieur ou de l'extérieur.