Après ses vies de Magellan, de Marie Stuart ou de Fouché, faut-il rappeler le génie de biographe de Stefan Zweig ? Marie-Antoinette (1933) rétablit la courbe et la vérité d'un destin obscurci par la passion ou la honte posthumes. L'auteur a fait le ménage dans la documentation, puisant dans la correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère, Marie-Thérèse d'Autriche, et dans les papiers de Fersen, grand amour de la reine.
Qui était Marie-Antoinette faite, l'année de ses quinze ans et par raison d'Etat, reine de France ? Une débauchée futile ? Une icône pour la Restauration ? Nous la suivons de la chambre de son époux, qu'elle appelait son « nonchalant mari », le falot Louis XVI, jusqu'au lit de la guillotine. Quel voyage ! Quelle histoire ! Le monde enchanté et dispendieux de Trianon, la maternité, le début de l'impopularité, l'affaire du collier, la Révolution qui la prit pour cible, la fuite à Varennes, la Conciergerie, l'échafaud...
Zweig s'est penché sur Marie-Antoinette en psychologue. Il ne la divinise pas : elle « n'était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire ». Il analyse la chimie d'une âme bouleversé par les événements, qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même et se rachète, passant de l'ombre de la jouissance à la lumière de la souffrance. « A la toute dernière heure, Marie-Antoinette, nature moyenne, atteint au tragique et devient égale à son destin ».
Davantage qu'un livre d'histoire : un roman vrai.
En 1518, un Portugais exilé du nom de Magellan convainc le roi d'Espagne, Charles Quint, d'un projet fou : « Il existe un passage conduisant de l'océan Atlantique à l'océan Indien. Donnez-moi une flotte et je vous le montrerai et je ferai le tour de la terre en allant de l'est à l'ouest. » Partie en 1519, l'expédition reviendra trois ans plus tard, disloquée, victorieuse. Malgré les fausses cartes et les mutineries, le froid, la faim et les maladies, Magellan a forcé le détroit qui porte aujourd'hui son nom et vaincu le Pacifique, inconnu à l'époque. Un destin héroïque magistralement conté et réfléchi par Zweig.
L'art de la discussion, c'est l'art de la guerre.
38 stratagèmes d'attaque et de défense simples à appliquer : généraliser à outrance la thèse de l'autre, créer des diversions, attiser la colère de son adversaire... L'Art d'avoir toujours raison donne au lecteur les règles d'un jeu passionnant, où le langage est maître. Où l'habileté des mots et la ruse sont nos meilleures armes pour finir toujours vainqueur.
Traduit de l'allemand par Dominique Laure Miermont
À l'instar de Freud, Jung a toujours considéré le rêve comme la « voie royale d'accès à l'inconscient ». Mais, héritier de la tradition néoplatonicienne, de la théologie mystique et de la philosophie romantique allemande, il envisage l'inconscient d'une manière différente : le rêve ne demande pas à être décrypté pour faire venir au jour son sens caché ; selon la formule du Talmud, il est son propre commentaire - et son interprétation consiste à en découvrir le sens interne. Les rêves invitent ainsi à un travail de comparaison avec des motifs folkloriques, mythologiques ou religieux, des formations symboliques telles que les révèlent l'ethnologie et l'anthropologie.Dans ce séminaire de 1928-1930, à partir de multiples exemples soumis à la discussion avec les participants, dans un style direct et remarquablement vivant, Jung formule sa théorie du rêve.
À l'instar de Freud, Jung a toujours considéré le rêve comme la « voie royale d'accès à l'inconscient ». Mais, héritier de la tradition néoplatonicienne, de la théologie mystique et de la philosophie romantique allemande, il envisage l'inconscient d'une manière différente : le rêve ne demande pas à être décrypté pour faire venir au jour son sens caché ; selon la formule du Talmud, il est son propre commentaire - et son interprétation consiste à en découvrir le sens interne. Dans cette seconde partie du séminaire de 1928-1930, comme dans le premier volume, Jung ne se contente pas de faire la théorie du rêve. À partir de rêves réels, il nous montre d'une façon particulièrement vivante, à travers une discussion suivie avec les participants du séminaire, comment se pratique la lecture symbolique des rêves.
Sur la question du transfert comme sur tant d'autres, Jung avait conscience d'avoir mené à son terme la recherche entreprise par Freud. Pour mettre au jour la dimension transpersonnelle de l'échange thérapeutique, il recourt au symbolisme alchimique. À travers la rencontre de deux individus, il montre la mise en présence, à des niveaux divers, de deux archétypes, « le roi et la reine », l'homme et la femme en tant que principes. S'appuyant sur les figures du Rosaire des philosophes, un traité publié en 1550, il décrit les phases dramatiques conduisant aux « noces royales » en les mettant en parallèle avec les différentes phases de la cure thérapeutique. La mort et la résurrection des deux partenaires donnant alors naissance au « fils des sages » ou androgyne, où s'unifient le masculin et le féminin.Cet ouvrage servira de guide à quiconque est appelé à plonger, par le dialogue, dans « le feu secret des sages », nom de l'amour transformant, créateur de l'hermaphrodite, l'un des mille noms de la totalité psychique, du Soi jungien. Carl Gustav Jung (1875-1961) est le fondateur de la psychologie analytique. Les éditions Albin Michel ont publié la plupart de ses oeuvres, dont dans la même collection, Aiôn, L'Âme et le Soi, L'Analyse des rêves (2 tomes).
Joseph Fouché (1759-1820) a servi avec zèle la République, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Monarchie. Homme de l'ombre, disciple de Machiavel, Fouché aura survécu à tous les changements de régime sans jamais se départir de cette « absence de conviction » qui fascina Balzac autant que Stefan Zweig.
Elève chez les Oratoriens, il devint sous la Révolution un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il vota la mort du roi et participa activement au massacre des Lyonnais royalistes. Ambassadeur du Directoire à Dresde, il cambriola son ambassade. Ministre de la Police, à l'abri derrière ses fiches et ses mouchards, il tint tête à Talleyrand et à Bonaparte. Signataire du premier manifeste sur l'égalité, il meurt richissime, duc d'Otrante et sénateur.
Joseph Fouché, c'est l'art du reniement, la grâce du traître. Il n'y a pas de personnalité plus décriée que cet homme politique au sang froid. Stefan Zweig nous fait découvrir, à sa manière subjective, une figure cachée et essentielle de l'Histoire française.
Des textes classiques et leur commentaire pour préparer efficacement l'oral au bac.
L'ambition de la collection "Les classiques de la philosophie" est d'introduire à la lecture éclairée des grands "moments" de la pensée. Une présentation éclairée, des notes claires et précises, des traductions réactualisées, des glossaires étoffés aideront le lecteur à parcourir, au rythme qui est le sien, les principales étapes d'une histoire de la philosophie ouverte. Les analyses, qui complètent ici les textes, suggèrent des perspectives et des orientations qu'il appartiendra au lecteur d'explorer, de suivre ou de redessiner.
La morale a mauvaise réputation. Synonyme de prêche ou de bonne conduite, cette magnifique notion est pourtant fondamentale au vivre-ensemble.
Markus Gabriel, le philosophe allemand connu dans le monde entier, montre combien la morale sait s'adapter, et transformer ses valeurs en impératifs : ainsi la « compassion » est-elle devenue « solidarité » lors de la crise du Covid. Cette dernière a également signé l'avènement de nouveaux principes moraux, comme la certitude qu'on ne peut pas soumettre nos hôpitaux à une logique de marché.
Face au péril sanitaire, mais aussi technologique et démocratique, il devient urgent de repenser nos valeurs morales afin de garantir la dignité humaine.
Un manuel de philosophie indispensable, qui s'oppose au nihilisme de notre époque et dessine le projet de Nouvelles Lumières.
« Je viens des hauteurs que nul oiseau n'a jamais atteintes ».
Génie ou folie ? Ecce Homo est l'autobiographie philosophique de Nietzsche, son dernier ouvrage avant qu'il ne sombre dans la démence.
Il y défend, avec une verve exceptionnelle, l'originalité de son oeuvre et se construit sa propre légende.
La partie technique de la morale kantienne est dans l'interprétation que Kant a donnée de ce caractère sacré du devoir qui s'oppose dans la conscience humaine, comme une sorte d'absolu, à tous les conseils de l'habileté et de la prudence, comme une chose immuable dans tous les changements de circonstances et d'intérêts. Rousseau l'explique par un « instinct divin » ; mais, pour Kant, universalité signifie rationalité ; si le devoir commande universellement, c'est qu'il est, en son fond, rationnel : dans ce passage est le point délicat de la Métaphysique des moeurs [...].
Emile Bréhier.
Publiés en 1785, les Fondements de la métaphysique des moeurs jettent les bases des philosophies de la liberté qui se développèrent au xixe siècle. Kant y affirme, notamment, la nécessité d'une philosophie morale pure, débarrassée de toutes les scories portées par l'empirisme, et entreprend de rechercher et de déterminer le principe suprême de la morale. Ce seront alors les célèbres « impératifs catégoriques » : « Agis selon une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle » ; « Agis de telle sorte que tu uses de l'humanité, en ta personne et dans celle d'autrui, toujours comme fin, et jamais simplement comme moyen » ; « Agis de telle sorte que ta volonté puisse se considérer elle-même, dans ses maximes, comme législatrice universelle. » Introduction de Monique Castillo.
Traduction, notes et postface de Victor Delbos.
En 1783, un auteur anonyme déclenche une controverse dans le numéro de septembre du Berliner Monatsschrift au sujet du mariage civil. Un pasteur, Zöllner, qui défend le mariage religieux, lui répond et s'interroge : « Qu'est-ce que les Lumières ? » Mendelssohn et Kant saisissent la balle au bond et entreprennent, chacun de leur côté, de lui répondre. Ces deux opuscules, respectivement intitulés « Sur la question : que signifie "aufklären" ?» et « Réponse à la question : qu'est-ce que "les Lumières" ?» présentent, cinq ans avant la Révolution française, un bilan des Lumières, au moment de leur apogée. Ont-elles fait le bien ? Comment faut-il éclairer ?
Le débat va porter sur le bon usage et les abus des Lumières, sur le passage d'une théorie inflexible à la pratique. Il y est question de l'essence de l'homme et de son accomplissement dans la vie sociale, de la liberté de penser, de l'autonomie de la raison, de l'État et du droit.
Il existe plusieurs écoles de yoga tantrique, mais celle de la Kundalinî est sans doute la plus surprenante. Elle consiste à activer les forces les plus puissantes de l'humain, décrites comme un serpent lové autour de la colonne vertébrale, et vise à accorder les principes souvent supposés contradictoires de la sexualité et de la spiritualité, en faisant fusionner leurs énergies. En octobre 1932, C. G. Jung, invité au Club psychologique de Zurich, donna quatre conférences sur cette discipline exigeante et alors pratiquement inconnue. Alors que la psychologie de l'époque était sous l'emprise grandissante de la psychanalyse, le yoga de la Kundalinî allait offrir à Jung un modèle qui manquait à la psychologie occidentale : une description, à partir de l'étude symbolique des chakras, des phases de développement de la conscience supérieure.
Historiciser le mal , une édition critique de Mein Kampf. Avertissement aux lecteurs.
Historiciser le mal propose une analyse critique, une mise en contexte, une déconstruction, ligne par ligne, de Mein Kampf , une des sources malheureusement fondamentales pour comprendre l'histoire du XX e siècle.
Nous avons agi en responsabilité en mettant en place un dispositif global afin de respecter l'exigence scientifique et éthique qui s'imposait.
La nouvelle traduction présentée dans Historiciser le mal a été confiée à l'un des meilleurs traducteurs de l'allemand en langue française, Olivier Mannoni, qui a ensuite travaillé avec une équipe d'historiens, tous spécialistes du nazisme, de la Shoah et de l'histoire des Juifs.
La rédaction d' Historiciser le mal a été menée dans le cadre d'un partenariat signé par Fayard avec l'Institut d'Histoire de Munich, qui a publié en 2016 une édition critique de Mein Kampf en Allemagne, un travail de référence qui a mobilisé une équipe d'historiens allemands.
Historiciser le mal a été rédigé par un comité d'historiens, dirigé par Florent Brayard, qui a traduit, adapté, prolongé les 3 000 notes de l'édition allemande et rédigé une introduction générale et 27 introductions de chapitres. Dans la forme, les notes encadrent ainsi la nouvelle traduction et sont indissociables de sa lecture. L'ensemble compte près de 1 000 pages et constitue un jalon historiographique sur la genèse du nazisme. En définitive, l'appareil scientifique inclus dans Historiciser le mal est deux fois plus volumineux que la traduction du texte de Hitler.
Il n'est pas question, bien évidemment, que la publication d' Historiciser le mal puisse être lucrative. Ainsi, la Fondation Auschwitz-Birkenau, chargée de la conservation du site du camp de concentration et d'extermination, percevra des droits au premier exemplaire vendu et la totalité des bénéfices qui pourraient être issus de la vente d' Historiciser le mal .
Pour savoir où l'on va, il est indispensable de comprendre d'où l'on vient. Nous sommes convaincus que le travail des historiens est nécessaire pour lutter contre l'obscurantisme, le complotisme et le refus de la science et du savoir en des temps troublés, marqués par la montée des populismes. C'est le sens de notre démarche d'éditeur.
Quand l'artiste accompli «prête ses yeux pour regarder le monde», il nous offre l'opportunité de le voir enfin tel qu'il est, débarrassé des oripeaux du besoin et de l'utilité.
Dans ces deux suppléments au Monde comme volonté et comme représentation, Arthur Schopenhauer (1788-1860) montre comment le génie opère par dévoilement soudain : «Le talent, c'est le tireur qui atteint un but que les autres ne peuvent toucher ; le génie, c'est celui qui atteint un but que les autres ne peuvent même pas voir.»
« Si nous ne voulons pas devenir les victimes de la numérisation, si nous refusons de nous muter en junkies désespérés de l'info ou en zombies technologiques, il faut que nous exorcisions nos gadgets technologiques et les dépouillions de cette croyance en leur toute-puissance. » Qu'est-ce que penser ? Cette interrogation, aussi vieille que la philosophie, est plus actuelle que jamais, à l'heure où pensée et intelligence artificielle sont souvent associées ou opposées. Une représentation erronée et dangereuse, soutient Markus Gabriel, qui explique pourquoi la pensée humaine, fondamentalement émotionnelle, ne sera jamais remplacée par les machines. À travers ce livre incisif, qui mêle théories philosophiques et références culturelles populaires, le philosophe prend part à un des débats majeurs de notre époque.
Avec ce livre commence ma campagne contre la morale.
Non point que l'on y sente le moins du monde l'odeur de la poudre. On lui trouvera, au contraire, de tous autres senteurs, un parfum bien plus agréable, pour peu que l'on ait quelque délicatesse de flair. Il n'y a pas là de fracas d'artillerie, par même de feu de tirailleurs. Si l'effet de ce livre est négatif, ses procédés ne le sont en aucune façon, et de ces procédés l'effet se dégage comme un résultat logique, mais non pas avec la logique brutale d'un coup de canon.
On sort de la lecture de ce livre avec une défiance ombrageuse à l'endroit de tout ce que l'on a adoré jusqu'à présent sous le nom de morale. [...]La question de l'origine des valeurs est pour moi une question de tout premier ordre, parce que l'avenir de l'humanité en dépend. Friedrich Nietzsche. Publié d'abord en 1881, puis à nouveau en 1887, et précédé d'un avant-propos de Nietzsche lui-même, Aurore s'attaque de plein fouet au problème de la morale, en mettant en oeuvre la méthode généalogique.
Nietzsche traque le moment de surgissement des " préjugés moraux ", parce qu'il faut découvrir les raisons qui ont conduit l'homme à s'inventer un système contraignant de pratiques morales, capable de devenir, ensuite, comme " une seconde nature ". Sans avoir la virulence extrême des écrits ultérieurs, Aurore résonne néanmoins d'accents polémiques vengeurs : Platon et Schopenhauer à nouveau dans la ligne de mire.
L'un, parce qu'il dévalorise la culture des sophistes, dont Nietzsche se fait le chantre ; l'autre parce qu'il a cultivé la doctrine de la compassion, un sentiment que Nietzsche juge être une " affection nocive ". Révision de la traduction, notes et commentaires par Angèle Kremer-Marietti.
Premier volume de la trilogie intitulée Sphères, destinée à analyser les conditions dans lesquelles l'homme peut rendre le monde habitable, Bulles examine, depuis la relation utérine jusqu'à l'extase mystique, les formes que prend une intériorité aimantée par l'extérieur.
Ce faisant, il parcourt, de Platon à Lacan, nombre de figures de l'histoire de la philosophie, relues avec une très grande liberté. Toujours en quête de ce que nous avons gagné ou perdu avec la modernité, l'auteur y souligne notre exil hors de l'Un et notre quête d'une nouvelle unité.
Une histoire universelle du temps et surtout de sa perception et de sa mesure, depuis le temps local et peu contraignant des premières sociétés au temps planétaire d'aujourd'hui.
Après des siècles de relatif oubli, Maître Eckhart est enfin reconnu aujourd'hui comme l'une des plus grandes figures du christianisme. Philosophe autant que mystique, professeur renommé et prédicateur infatigable, responsable de haut niveau dans son ordre dominicain, il fut aussi un homme d'action qui marqua son époque, le début du XIVe siècle. Son oeuvre exerça par la suite une profonde influence sur la pensée allemande, de Luther à Hegel en passant par le romantisme.
En marge de ses traités savants écrits en latin, Maître Eckhart a délivré de nombreux sermons en allemand vernaculaire lors de ses tournées pastorales dans les monastères et les couvents. Suspecté d'hérésie, tant sa pensée est animée d'un souffle prophétique, il se défendit en expliquant que « s'il faisait fréquemment usage d'un langage inhabituel, c'est qu'il désirait par ses sermons inspirer à ses auditeurs le désir suprême de faire le bien. » Ce sont ces sermons, où l'abstraction théologique nourrit le sentiment intime du divin, qui sont réunis pour la première fois en un seul volume dans la traduction de Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean Labarrière.
La vraie politique ne peut faire aucune démarche avant d'avoir rendu hommage à la morale ; et bien qu'en soi la politique soit un art difficile, son union avec la morale est chose facile, car la morale tranche le noeud que la politique ne peut délier dès qu'elles ne sont plus d'accord. Le droit des hommes doit être tenu pour sacré, quels que soient les sacrifices qu'il en coûte au pouvoir.
Emmanuel Kant L'opuscule Pour la paix perpétuelle a été rédigé et publié par Kant en 1795, dans le contexte de la Révolution française et du conflit de la France avec l'Europe monarchique. Il eut de son temps un profond retentissement, et a ensuite exercé une influence durable par les idées fondamentales que l'on y trouve défendues, notamment celle promouvant une «alliance des peuples pour la paix», une alliance qui se traduirait par une fédération d'Etats libres, souverains et égaux. Cet essai, prin-cipal manifeste philosophique moderne en faveur de la paix, se trouve ici replacé, grâce à une anthologie de textes commentée, dans le courant de pensée qui part de l'humanisme de la Renaissance, d'Erasme, et conduit à Freud, permettant ainsi de découvrir quelques développements remarquables de la réflexion philosophique sur la guerre et la paix, au cours du xixe siècle et jusqu'au milieu du xxe. La présente édition met ainsi parfaitement en lumière, à l'intention d'un large public, la signification philosophique et les enjeux historiques de ce texte visionnaire.
Traduction annotée, présentation et anthologie de textes par Joël Lefebvre.
Ce texte posthume, dont Nietzsche avoual'importance dans son orientation vers la philosophie, fut dicté à l'un deses amis en 1873. L'auteur de La Naissance de la tragédie y expose une conceptiondu langage qui restera la même tout au long de son oeuvre.
Il s'y attaque à laprétention philosophique d'élaborer un système comme une «pyramide deconcepts». Contre l'idée d'un discours entièrement rationnel, il faitvaloir les droits de la métaphore, cette force instinctive qui produit desimages, bien avant que l'homme ne songe à établir une rigueur théorique fondéesur les distinctions lexicales et les conventions morales.
Le philologue est ainsi devenu philosophe, mais son style sera celui d'un«poète-prophète».
Dans l'Antiquité, la sphère est la représentation de la perfection de ce qui n'a ni commencement, ni fin, échappe à la corruption du temps, symbolise le divin qui s'offre à la contemplation.
Depuis les Grecs, la totalisation du monde s'opère sous la forme d'un globe, à la fois vision cosmogonique, projection géométrique et spéculation philosophique, mais aussi représentation physique de la souveraineté et attribut des empereurs, monarques ou papes. Quand s'ouvre le monde, quand la circonférence ne le contient plus et que les hiérarchies sont bouleversées, que devient cette représentation dont nous sommes malgré tout les héritiers ? Suffit-il de la déclarer obsolète pour en être affranchi ? Avec son brio habituel de conteur, Peter Sloterdijk nous entraîne dans un voyage passionnant à travers les civilisations et les époques, au gré de la position qu'y occupe le centre de la sphère.