En 1985, Elie Wiesel écrivait à Sylvain Vergara : «J'ai lu votre manuscrit, je le trouve bouleversant, vibrant de vérité - il faut le publier». 37 ans plus tard (et 30 ans après la mort de Sylvain Vergara), ce texte est retrouvé et enfin publié. Seul un extrait en avait paru en 1964 dans la revue Esprit. Arrêté en octobre 1943 comme résistant, Sylvain Vergara, âgé de 18 ans, est emprisonné à Fresnes, torturé puis déporté Nacht und Nebel en février 1944.
Mai 1940 : la police française arrête Jacob Barosin et sa femme, deux réfugiés juifs qui vivent et travaillent à Paris depuis plusieurs années après avoir fui l'Allemagne nazie. C'est le début d'un long périple à travers la France, de camp d'internement (Gurs) en camp de travailleurs étrangers (GTE Langlade) et en hébergements tolérés (Nice, Lunel, Florac), et finalement la planque dans les Cévennes puis en région parisienne.
«Le Maquis Bir-Hakeim», racontre l'odysée du plus préstigieux des maquis du Midi languedocien celui qui, aussi, a compté de plus de martyrs. Créé dans la région de Toulouse, ce groupe de l'armée, secrète du mouvement «combat» pérégrina de Villefranche-de-Rouergue, dans l'Aveyron, à Douch, dans l'Hérault, ensuite au Benou, dans les Basse-Pyrénées, de là dans l'est du Gard, près de Méjannes-l-Clap et en basse Ardèche, puis dans les Cévènnes, enfin sur le causse Méjean où, le 28 mai 1944, il devait connaître un funeste destin.
Pasteur à Valleraugue,Laurent Olivès mit en place dès 1941 un réseau pour protéger et cacher des proscrits et des Juifs. En 1943,révolté par la violence des troupes d'occupation et de la Milice ,il fonda,à Ardaillès, le maquis de la Soureihade qui mena des actions armées contre l'occupant et fusionna ensuite avec celui de Lasalle pour devenir le maquis Aigoual-Cévennes dont Laurent Olivès fut un des dirigeants.
« Je suis le pasteur de cette commune et je m'élève au nom du Christ contre le meurtre de quatre hommes, quatre femmes et quatre enfants, qui sont tous innocents ».
Herbert Steinchneider appartient à une famille d'origine juive et autrichienne qui s'est réfugiée en France à la montée du nazisme. Après avoir été brièvement enfermé au camp d'internement de Loriol (Drôme), il entre dans la Résistance en fabricant et diffusant des faux-papiers à partir de la Faculté de théologie protestante de Montpellier où il fait ses études. Il travaille pour l'OSS, les services secrets américains.
La suite de l'Occupation le verra pasteur à Lasalle où il intervient, la Bible à la main, pour sauver de l'exécution un groupe d'otages retenu par les soldats allemands.
Son journal, traduit et présenté par Evelyne Brandts, nous fait vivre au jour le jour ces moments intenses racontés non sans humour.
Avant-propos de Patrick Cabanel, directeur d'études à l'École pratique des hautes études.
Blessé de la Grande Guerre, Gaston Vincent, fils de pasteur, s'engage sans hésiter dans la Résistance à plus de 50 ans.
"En parcourant ces feuilles, je retrouve l'atmosphère de cette époque obscure, héroïque et magnifique et je plains sincèrement ceux qui n'ont pas pu la vivre et ne peuvent la comprendre".
Général Henri Zeller, co-fondateur de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée) et héros du Vercors.
Le maquis Aigoual-Cévennes fut, avec près de 2000 hommes en 1945, le plus important maquis du Gard et un des plus importants de France. Dirigé par René Rascalon, Marceau (Marcel Bonnafoux) et Guy Arnaud rejoints ensuite par Laurent Olivès et Antoine Cassé après la fusion avec le maquis d'Ardaillès, il mène de nombreuses actions contre l'occupant et contribue à la libération du Gard.
L'ouvrage de René Rascalon, écrit juste après La Libération, expose des souvenirs frais et précis et des sentiments vivaces. Il nous fait partager le quotidien des maquisards, les moments tragiques comme les instants plus légers. C'est un témoignage unique de spontanéité écrit par un acteur majeur de la Résistance, resté humble et désintéressé.
A 20 ans, en 1937, Paul Schmidt, Alsacien-Lorrain, dit avoir «un drapeau tricolore à la place du coeur». Engagé au 6ème Bataillon de Chasseurs Alpins, il vit la Campagne de Norvège jusqu'à la prise de Narvik, l'épisode du «Réduit breton» et le repli en Angleterre. Malgré la perspective d'une condamnation pour désertion, il rallie dès juin 1940, les premières troupes du général de Gaulle. Recruté par le BCRA pour des missions secrètes, il devient KIM. Au cours d'un stage, il sympathise avec un inconnu. Cet inconnu, Jean Moulin, demande que Kim soit affecté à sa mission comme officier de liaison avec le mouvement «Libération» d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie. Pendant un an, Kim va organiser des atterrissages et des parachutages clandestins pour apporter à la Résistance des armes, de l'argent et de précieux contacts avec Londres. Lyon, Montluçon, Clermont-Ferrand, l'Ain, la Corrèze, Limoges, Paris, Tours, Chartres, des équipes, des réussites, des échecs, mais aussi des arrestations, des déportations, des morts.
Les Juifs sont des gens comme les autres !
Cette déclaration d'Adélaïde Hautval, scandalisée par l'obligation faite aux juifs de porter l'étoile jaune, en juin 1942, lui vaut d'être marquée à son tour comme « Amie des Juifs ». Au camp de Pithiviers, elle assiste à l'arrivée, puis à la déportation des familles du Vel' d'Hiv', dont elle tente comme médecin de soulager la peine. Elle est elle-même déportée à Auschwitz puis Ravensbrück en janvier 1943, dans le convoi dit des « 31 000 », avec plus de deux cents résistantes françaises, dont Danielle Casanova, Charlotte Delbo, Marie-Claude Vaillant-Couturier.
Refusant systématiquement d'aider les médecins nazis du Block 10 dans leurs « expériences », Haïdi (son surnom à Ravensbrück) organise une multiplicité d'actes de résistance pour protéger et sauver ses co-détenues.
Après la guerre elle a témoigné des actes criminels des médecins nazis, a été nommée très tôt Juste parmi les Nations, et s'est engagée pour des causes humanitaires. Grâce à la persistance de Georges Hauptmann, son nom a été attribué à un hôpital en région parisienne, une allée et un groupe scolaire.
Préface de Patrick Cabanel, directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes.
Notre petite Jacqueline nous manque bien, elle était si affectueuse et d'un caractère si facile ! Le temps m'a duré beaucoup la semaine qui a suivi son départ surtout que cela a été si rapide ! [...] Quant aux comptes que vous demandez, il n'y en a aucun à régler ! [...] Je l'ai fait sans vous connaître, pour vous rendre service. Je le fais doublement maintenant. D'ailleurs, les services ne se paient pas et le bon Dieu me le rendra au centuple !.
Ces quelques mots résument bien l'état d'esprit des femmes de la région Rhône-Alpes à qui cet ouvrage entend rendre hommage.
Anonymes, et souvent très modestes, elles furent des résistantes au sens propre du terme. Bravant leur statut civil d'infériorité, bravant parfois les stéréotypes qui les entourent, transgressant surtout les lois de Vichy et de l'occupant, qui condamnent à l'exclusion sinon à la mort toute une frange de la population, ces femmes s'engagent au service de la vie.
Par de petits gestes du quotidien, par l'exercice même de leur profession, elles apportent leur soutien à des individus qui hier encore leur étaient inconnus. Certaines de ces résistantes, pour ces actes, connaîtront arrestation, déportation et même la mort. Quel que soit le sacrifice, face à ces logiques déshumanisantes, ces femmes sont, envers et contre tout, des gardiennes de vie, des Sauveteuses.
Rendue célèbre pour son rôle au Vel'd'Hiv' par le film La Rafle, Annette Monod, consacra sa vie aux prisonniers. D'abord travailleuse sociale dans une banlieue ouvrière de Paris, son action dans les camps d'internement français va la transformer.
Particulièrement engagée dans la résistance durant les années sombres de 1940 à 1945, elle prit de nombreuses initiatives personnelles pour le soutien des internés juifs et des prisonniers politiques et fut une témoin majeure de la grande déportation française des enfants juifs.
Pendant les évènements d'Algérie, assistante sociale cheffe à la prison de Fresnes, elle s'oppose aux mauvais traitements infligés aux détenus FLN.
Issue d'une famille protestante engagée dans le christianisme social, elle a continué à interroger sa foi face à ce que l'humain est capable de pire.
Cette biographie rédigée par Frédéric Anquetil, qui l'a bien connue durant ses années de militantisme à l'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT), comble une lacune importante de l'histoire de la résistance féminine non-armée.
Avant-propos de Pierre Lyon-Caen, dont le père François, avocat au Conseil d'État, avait été soutenu au camp de Drancy par Annette Monod.
Postface de Guy Aurenche, ancien président de l'ACAT à l'époque où Annette Monod y menait ses derniers combats.
Militant de mouvements de jeunesse protestants et non violents à Lyon en 1940, le jeune franco-suisse René Nodot est vite conscient des dangers du nazisme. Dès 1941, avec l'aide du Consul de Suisse et de nombreux appuis chez les protestants et catholiques engagés de la région, René Nodot contribue à organiser des convois d'enfants Juifs pour la Suisse. Alors que s'intensifient les rafles de Juifs en France, René Nodot entre au Service Social des Etrangers un organisme du gouvernement de Vichy, détourné par son directeur, Gilbert Lesage, un quaker, pour en faire un puissant outil de sauvetage des Juifs.
Le 16 avril 1945, peu avant la fin de la 2e guerre mondiale en Europe, le sous-officier allemand Werner Goll, pasteur calviniste, descendant de huguenots nîmois, déserte la Wehrmacht et passe à la Résistance italienne contre les Allemands. Membre actif de l'Eglise confessante crée par Martin Niemoller et Dietrich Bonhoffer, Werner Goll, aumônier de la Wehrmacht est envoyé en France occupée où il se lie d'amitié avec l'abbé corse Carlotti, grand résistant.
Celle qui fût surnommée ainsi par ses co-détenues a eu une courte vie entièrement consacrée à aider les autres. Elle enseigne à l'école du dimanche pour les plus jeunes puis devient surintendante d'usine (assistante sociale) puis infirmière. Elle s'installe à Ivry, dans la «Zone» pour assister les familles nécessiteuse. A partir de 1940, elle organise des soupes populaires, des dispensaires et évacue des enfants juifs pour les cacher dans la Creuse.
« Je trahirai demain, pas aujourd'hui.... » Assassinée à 22 ans, la jeune résistante juive qui sauva plus de 200 enfants n'a jamais trahi, ni ses rêves, ni sa vision d'une humanité apaisée où les enfants ne seraient pas en danger.
Née en Allemagne, Marianne suit sa famille menacée par les nazis, de Tchécoslovaquie en Espagne, en Suisse et enfin en France. Réfugiée à Moissac en 1940, elle s'engage dans le scoutisme israélite puis dans la résistance non-violente. En 1943, elle fait partie du réseau clandestin de résistance juif qui travaille avec l'OSE, l'ORT, la CIMADE, le SSE pour assurer le passage en Suisse de familles menacées.
C'est lors d'un de ces passages qu'elle est arrêtée ; torturée elle refuse d'abandonner les enfants qui lui ont été confiés et est sauvagement assassinée.
Cette très belle figure de la résistance féminine juive nous est restituée ici par Magali Ktorza qui a pu s'entretenir avec les camarades de Marianne et les enfants qu'elle a sauvés.
Mireille Cooreman a grandi dans un milieu très religieux, avec un père pasteur. Etudiante, elle épouse un jeune professeur de droit, André Philip, qui deviendra député du Front Populaire puis ministre sous la IVe République. Mais dans l'été 1942, recherché par Vichy, il rejoint de Gaulle à Londres.
Restée seule au Chambon-sur-Lignon, Mireille Philip donne toute sa mesure de rebelle tranquille : elle aide de nombreux juifs à passer clandestinement en Suisse, grâce aux contacts qu'elle a noués sur la frontière avec des prêtres et des couvents. Elle transporte pour la Cimade des listes secrètes de juifs à sauver ; puis elle entre au service de la Résistance classique. A la fin des années 1950, elle milite en faveur de l'indépendance de l'Algérie avec sa fille et son gendre Francis Jeanson.
Elle n'a jamais voulu évoquer ses années de guerre ; ce livre est le premier à mener l'enquête sur cette femme qui aura transgressé les frontières.
Que faire lorsqu'on a 19 ans, en 1940 et que l'on est une jeune étudiante de bonne famille animée d'une foi fervente ?
Pour Marie Médard, la réponse se trouve à l'issue d'un cheminement marqué par une intense réflexion morale. Après quelques actes de désobéissance et sa démonstration publique de soutien à ses amis juifs ; elle s'engage dans l'action clandestine : en mettant à l'abri en zone Sud des enfants juifs puis comme agent de liaison du réseau Jonque.
Arrêtée, torturée, déportée à Ravensbrück et Torgau, elle continue de résister dans les camps en refusant de fabriquer des munitions et en participant à la vie spirituelle du camp.
A partir des archives familiales et de sa propre rencontre avec Marie Médard, Cécile Leblanc éclaire les fondements de son engagement résistant et le vécu de son entourage pendant sa déportation.
Un destin fascinant de résistance féminine, spirituelle et non-violente.
Gilbert Lesage est une de ces énigmes passionnantes du XXème siècle ; fonctionnaire de Vichy, chef de l'important Service Social des Etrangers qui intervient directement dans les camps d'étrangers en France il détournera l'action de son service pour en faire un important outil de sauvegarde des Juifs au nez et à la barbe de Vichy. Activiste de l'humanitaire et Quaker engagé, il échappera de peu à la Milice mais reste une personnalité étrange et controversée.
Juillet 44. Les soldats allemands arrêtent une famille juive alsacienne, cachée en Savoie. Ils fusillent le père, devant les siens, et déportent la mère et les trois enfants. Seules les deux soeurs, de 18 et 15 ans en reviendront. Leur désir de pouvoir enfin dire et être crues, le souci de préserver la mémoire, pour leurs proches et pour l'Histoire, les ont motivées à finalement confier à un ami l'histoire de leur vie dans les camps et les péripéties de leur retour à la vie «normale» .
You are a man!
Voilà comment Charles de Gaulle qualifiait, en décembre 1943 à Alger, celui qui, d'opposant sceptique, allait devenir un ami fidèle, Dwight Eisenhower.
Ces deux hommes à la carrière très similaire s'opposeront pourtant avant de s'entendre, se respecter puis s'admirer mutuellement.
Basé sur un travail d'archives inédites, cet ouvrage décrit une rare et étonnante amitié de chefs d'Etats, alimentée les épreuves communes et les satisfaction partagées...