Jusqu'à quel point la « solution finale » était-elle secrète ? À cette question ancienne mais compliquée, Florent Brayard apporte une réponse puissamment originale. Selon lui, l'impératif de secret visait au premier chef le meurtre des Juifs allemands et occidentaux, et non pas celui des Juifs de l'Est, polonais ou soviétiques. Il propose par ailleurs de restreindre le cercle des dignitaires pleinement informés et, au vu des sources disponibles, d'en exclure par exemple Joseph Goebbels. Mais il souligne également que ce secret ne fut que transitoire. À Posen, en octobre 1943, Himmler et Hitler décidèrent de dévoiler aux plus hautes élites nazies ce qu'il en était réellement, à savoir que le meurtre avait touché les Juifs sans distinction et qu'il était alors presque achevé.
La lutte clandestine en France.
S'appuyant sur des archives variées, cet ouvrage propose une réflexion critique sur ce qu'a été l'expérience de la lutte clandestine en France. Des premières manifestations du refus en 1940 jusqu'aux libérations du territoire à l'été et à l'automne 1944, c'est ici une approche anthropologique du phénomène qui est privilégiée. Elle conduit à mettre l'accent sur la densité extrême du temps résistant, à scruter ses pratiques et ses sociabilités, à interroger aussi les liens qui se tissent peu à peu avec la société. Soumis à un danger permanent, sans modèle préalable auquel se référer, l'univers clandestin de la Résistance n'aura jamais cessé d'inventer sa propre action, tout en exposant l'ensemble de ses protagonistes à des risques identiques et mortels.
Je vous écris d'Auschwitz « Mes chers, je suis dans un camp de travail et je vais bien... » Voici les quelques mots expédiés depuis Auschwitz par près de 3 000 juifs de France, attestant l'existence d'une correspondance entre les déportés à Auschwitz et leur famille entre 1942 et 1945. Ces lettres-cartes, écrites sous la contrainte, faisaient partie d'une vaste opération de propagande, la Brief-Aktion, qui visait à rassurer leurs proches et dissimuler l'horreur. D'autres lettres, clandestines celles-ci, ont pu entrer et sortir du camp et dévoilent l'enfer concentrationnaire. Sont rassemblées ici aussi des lettres écrites dès la libération du camp, preuves de survie uniques et émouvantes adressées aux familles par les rescapés.
Grâce à des archives inédites, Karen Taieb dévoile un pan méconnu de l'histoire de la Shoah, honore la mémoire des victimes et redonne une identité à vingt et un déportés, dont ces lettres, qui nous plongent de façon saisissante dans la réalité du camp d'Auschwitz, sont parfois les dernières traces.
Karen Taïeb
La littérature consacrée au génocide des Juifs dans l'Allemagne nazie est abondante. Pourtant aucun historien ne s'était jusqu'alors attelé à une analyse de cette ampleur mêlant le point de vue des bourreaux et celui des victimes. C'est le premier tour de force que réalise Saul Friedländer. Fondé sur de nombreuses archives inédites, nourri de voix innombrables (journaux intimes, lettres, mémoires), ce second volume de L'Allemagne nazie et les Juifs est magistral : implacablement et sobrement, il déroule l'effroyable scénario qui mène à la « solution finale » et à sa mise en oeuvre. Complicité des autorités locales, soutien actif des forces de police, passivité des populations et notamment des élites, mais aussi promptitude des victimes à se soumettre aux ordres dans l'espoir d'améliorer leur sort : c'est cette histoire d'une extrême complexité qui est ici racontée avec une maîtrise rare.
Ils sont Français, catholiques, protestants, juifs, communistes gaullistes, pétainistes antiallemands, simples citoyens français de la zone libre ou de la zone occupée mais aussi des colonies... Ils sont étrangers : Espagnols, Polonais, Italiens, Allemands antinazis, agents britanniques et américains. Ils ne sont pas forcément entrés en résistance pour les mêmes raisons, mais ensemble, ils forment la longue liste des Combattants de l'ombre.
Ce livre est le fruit de plus de dix ans de recherches et d'enquêtes conduites en France par l'historien britannique Robert Gildea. Pour la première fois, l'histoire de la Résistance est racontée du point de vue des résistants eux-mêmes. Sur une trame chronologique, l'auteur passe en revue l'ensemble des groupes types de résistants, et illustre son propos par de nombreux témoignages.
Un récit vivant et incarné.
Le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, marque l'épilogue d'un processus moins enthousiaste que ce que suggère la légende forgée par les dirigeants alliés. Dissensions au sein du Haut Commandement, pénurie de bateaux, erreurs tactiques, effondrement psychique des combattants..., autant de réalités qui pesèrent sur la préparation et le bon déroulement du Jour J.
S'appuyant sur des sources inédites, Olivier Wieviorka retrace cette épopée en se dégageant du seul regard français, en embrassant l'ensemble des dimensions - économiques, diplomatiques ou militaires - de l'opération Overlord.
Le 3 mars 1944, les habitants d'un hameau de l'Ardèche sont fusillés par les SS pour avoir caché des maquisards. L'endroit comptait alors quinze habitants, mais étrangement on y a retrouvé seize corps. Quelle est l'identité de cet homme ? Personne n'a jamais voulu le savoir. Jusqu'à ce qu'Olivier Bertrand décide d'enquêter. À la recherche de l'inconnu, il se lance sur les traces du maquis Bir-Hakeim et met en lumière les massacres oubliés et les secrets de la Résistance.
Encore un livre sur la collaboration ? Pas tout à fait. Plutôt une topographie de ces itinéraires qui ont conduit à l'apologie de l'« Europe nouvelle » des Français convergeant de tous les points de l'horizon politique français, du communisme au royalisme.
Le parti pris collaborationniste interpelle chacun et pose, au passage, quelques questions graves : glissements et conversions politiques, responsabilité de l'intellectuel, pacifisme de principes face à un impérialisme conquérant, fascination des régimes « virils », fragilité des valeurs démocratiques françaises. Cet ouvrage essaie de faire en sorte qu'on parle désormais de cette collaboration mythifiante et mythifiée « en connaissance de cause ».
Des falaises de Normandie aux plages des Landes, de Dunkerque à Biarritz, des milliers de blockhaus sont aujourd'hui les dernières ruines de la Seconde Guerre mondiale. Ils font tellement partie de notre paysage qu'ils sont devenus presque invisibles. Ce sont pourtant les vestiges de la plus importante opération de collaboration économique de l'Occupation.
Cette sombre histoire est restée incroyablement méconnue depuis des décennies. Pour la première fois, ce livre rassemble les pièces du dossier et démonte le système.
Nouvelle édition revue et corrigée.
Que savons-nous sur l'extermination des Juifs ? Tout ou presque tout sur l'organisation du crime, les méthodes appliquées, le nombre des victimes. Peu de choses assurées, en revanche, sur le moment et la manière dont fut décidé le crime, sur la trame des mobiles et des événements qui aboutirent, un jour, à précipiter notre siècle dans l'horreur. Un acte accompli au moment favorable et sorti tout armé du cerveau monstrueux de Hitler ? L'aboutissement imprévu d'une politique de persécution que le fonctionnement du régime nazi et la rencontre de difficultés croissantes rendirent de plus en plus meurtrière ? Ces questions avouent la fragilité de connaissances qu'on tenait pour acquises. Voici la réévaluation d'une décision sans précédent et sans équivalent.
Années d'épreuves ouvertes par la brèche de 1940 ; années de déchirements, qui l'emportent sur les rares moments d'union ; années disputées entre l'héroïsme et la résignation, entre la résistance et la soumission : sur ces années noires, dont la mémoire demeure encore blessée, l'équipe d'historiens rassemblés par jean-pierre azéma et françois bédarida, fait le point.
La connaissance des archives - françaises et étrangères - lui permet d'en finir avec un certain nombre de représentations mythiques et autojustificatives, pour nous donner la synthèse la plus complète sur une période clé de notre histoire contemporaine.
Tous les auteurs sont des chercheurs ou des enseignants-chercheurs, dont les travaux antérieurs ont été autant de sources pour cette histoire qui demeure encore un enjeu politique.
Engagés dans une lutte clandestine à la vie à la mort, les résistants se posèrent avec insistance la question de savoir comment on écrirait un jour leur si singulière histoire. La Libération à peine survenue, acteurs et historiens s'attelèrent à la tâche avec le soutien actif du pouvoir politique. Des efforts tenaces, sinon toujours convergents, composèrent au fil des ans une historiographie tissée de plusieurs milliers de publications et traversée de passion, de débats, de polémiques. Cette historiographie n'aura cessé d'être tenaillée entre la nécessité de respecter une épopée où l'éthique a joué le premier rôle et l'obligation de mettre à distance et en perspective les événements qui l'ont jalonnée. Comment historiens et acteurs ont-ils composé avec cette double exigence? S'il faut défaire les pieuses légendes quand leurs liens avec la réalité sont ténus, on ne saurait pour autant faire fi du prestige, source de légendaire, que cette histoire secréta jour après jour alors qu'elle se frayait dangereusement un chemin. En somme, comment, depuis soixante ans, a-t-on tenté de rendre compte des spécificités et de la complexité de la Résistance française? Voilà l'objet de cet essai.
Le 6 avril 1944, à Izieu, 44 enfants âgés de 4 à 17 ans et leurs 7 moniteurs sont raflés par des soldats allemands, sur ordre de Klaus Barbie. Gabrielle Perrier, leur institutrice de 21 ans, est absente pour les vacances. Ce jour-là, son monde s'effondre Elle se réfugiera dans le silence jusqu'au procès de Klaus Barbie, en 1987. Enfin, elle pourra porter le deuil de ses élèves morts à Auschwitz.
Dominique Missika est écrivain et membre du comité scientifique du mémorial d'Izieu, présidé par Serge Klarsfeld. Elle fait ici entendre la voix de l'institutrice d'Izieu.
22 juin 1940 : l'armistice de Rethondes sanctionne la défaite écrasante de la France face à l'Allemagne hitlérienne. Mais l'armée française subsiste sous une forme provisoire et limitée : l'Armée de l'armistice. Pièce maîtresse du régime de Vichy, elle se veut l'incarnation des valeurs autoritaires et patriotiques de la Révolution nationale et se voue à la création d'une «France nouvelle», à travers l'encadrement et la formation de la jeunesse. La majorité des officiers adhère aux objectifs de l'État français tandis qu'une minorité, tout en restant généralement fidèle à Pétain, prépare des moyens clandestins de mobilisation, puis rejoint la Résistance.
Robert O. Paxton s'attache à restituer les motivations complexes des officiers français entre 1940 et 1944 et les conséquences, souvent dramatiques, de leurs actes. Complément essentiel de La France de Vichy, cet essai est d'une lecture cruciale pour qui veut comprendre les années d'occupation et l'histoire de l'armée française.
Entre 1940 et 1944, des Français écrivent à la BBC. Jamais ils n'ont la certitude d'être lus tant les obstacles sont nombreux jusqu'à Londres. Malgré l'interdit, ils s'adressent en toute liberté à cette radio qui, depuis l'Angleterre, les encourage à résister.
Soixante-dix ans plus tard, ces lettres sortent de l'oubli, miraculeusement intactes. De village en village, c'est toute une nation qui raconte l'Histoire telle qu'elle a été vécue : privations, arrestations, collaboration ou résistance, rumeurs de débarquement...
De l'Alsace à l'Aquitaine, les voici.
Vibrantes, inoubliables.
Un témoignage unique et inédit sur le quotidien de milliers de Français pendant la Seconde Guerre mondiale.
Avec une préface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac et la reproduction d'une dizaine de lettres tirées des archives de la BBC.
« Ma chère petite Maman, comment t'annoncer la triste nouvelle ? » « Vive la vie belle et joyeuse ! » « Adieu, la mort m'appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C'est dur quand même de mourir ».
Guy Môquet, Léon Jost, Honoré d'Estienne d'Orves, Missak Manouchian... ils sont des milliers de résistants, célèbres ou anonymes, fusillés ou guillotinés sous l'Occupation, victimes des Allemands et de Vichy. Dans l'attente de la mort, ils adressent à leur famille, à l'être aimé, à un ami, leur dernière lettre. Ils parlent pour tous ceux - massacrés, déportés, victimes d'exécutions sommaires - qui sont morts sans laisser de témoignage.
On croit savoir tout sur l'antisémitisme nazi, Philippe Burrin nous prouve le contraire. Au long de ces trois conférences qu'il a prononcées au Collège de France, à la demande de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, l'auteur analyse en profondeur la genèse et l'accomplissement de la solution finale. L'essence de l'antisémitisme hitlérien, considéré dans la culture allemande et européenne et situé dans son contexte historique. Cet ouvrage a pour origine trois conférences prononcées par l'historien genevois Philippe Burrin au Collège de France, à Paris, au printemps dernier. Analyse neuve et stimulante de la part d'un des meilleurs spécialistes mondiaux du fascisme et du nazisme.
Le sujet de ce livre est la vie psychologique et affective des Américains et des Britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale; les rationalisations et euphémismes dont ils eurent besoin pour affronter l'insoutenable réalité des années 1939-1945; la frustration du désir, enfin, exceptionnellement intense en ce temps de guerre, et quelques-uns des moyens dont ils usèrent pour l'assouvir. Les dégâts de la guerre sur les corps et les villes, sur les avions, les chars et les croiseurs sont clairs. Moins évidents sont ceux qu'elle a causés à l'intelligence, au discernement, à l'honnêteté, à l'individualité, à la complexité, à l'ambiguïté à l'ironie, pour ne rien dire de l'intimité et de l'humour. Depuis cinquante ans, la guerre côté Alliés a été aseptisée et poétisée, à en devenir presque méconnaissable, par les sentimentaux, les patriotes à tout crin, les ignorants et les amateurs de chair fraîche. J'ai tenté d'équilibrer la balance.
La première édition de cet ouvrage a paru au Seuil, en 1994 dans la collection « L'Histoire immédiate ».
L'auteur s'est livré ici à un travail de reconstitution d'un épisode de la Libération, au sein d'un village du Cher.
Tzvetan Todorov allie l'exactitude historique et la vigueur romanesque : les « héros » de cette chronique d'une France à l'heure de la Libération, sont des français moyens, des militants communistes, des chefs de maquis,
des juifs, des femmes de miliciens, etc.
S'appuyant sur un rigoureux travail d'archives, sur des témoignages et sur la presse de l'époque, Todorov redonne vie, sous forme d'enquête mi-historique, mi-policière, à un moment étrange de la Libération mais pourtant significatif voire emblématique. L'offensive de la Libération dans la région du Cher aboutit, après des négociations entre milices et maquis, à l'exécution d'un groupe d'otages juifs choisis comme boucs émissaires.
Quel est le sens de cet épisode ? Son lien avec l'Histoire ? Quels en sont les enjeux oe